Le mot de la direction

Nathalie LAMBERT, DR2 INSERM, directrice de l’Unité ARTHEMIS

Des Arthrites Autoimmunes à ARTHEMIS : un continuum pour notre équipe et nos recherches

Depuis sa création en 1991, par le professeur de Médecine Jean ROUDIER, notre laboratoire poursuit le même objectif : découvrir les mécanismes qui déclenchent les arthrites auto-immunes afin de les guérir

Le docteur Isabelle AUGER, actuellement chercheuse Hors Classe INSERM a été doctorante au sein de cette Unité en 1997 puis a développé son groupe sur les mécanismes de production d’autoanticorps dans la polyarthrite rhumatoïde. Elle a été rejointe par le docteur Nathalie BALANDRAUD, praticien hospitalier, AP-HM qui a fait sa thèse de sciences au laboratoire. Sandrine GUIS, Professeur de Médecine PU-PH AP-HM a passé sa thèse de médecine en 1997 et son habilitation à diriger les recherches en 2003 dans l’Unité. 

C’est cette même équipe de médecins-chercheurs du service de Rhumatologie de l’Hôpital Sainte Marguerite à Marseille qui, aujourd’hui contribue encore au lien étroit entre recherche fondamentale et recherche clinique de notre Unité.

J’ai rejoint l’équipe en 2004 et ai développé mon groupe de recherche sur la prédominance des femmes dans les maladies autoimmunes en me centrant progressivement sur l’arthrite.

En juin 2023 j’ai pris la direction de l’Unité. Le Pr. Sandrine Guis, jusque-là médecin-chercheur dans l’Unité CRMBM/CEMEREM, a rejoint notre équipe en 2024. Elle est directrice adjointe depuis 2024 et chercheuse associée CRMBM/CEMEREM. 

 

Nous continuons à décortiquer les mécanismes qui provoquent des arthrites autoimmunes en englobant de façon plus visible les thématiques développées depuis 20 ans relatives au microchimérisme.

Plus récemment abordés sont les thèmes de l’inflammation pulmonaire, stimulé par l’arrivée du docteur  Catherine DUEZ, chercheuse INSERM ou de l’érosion osseuse étudiée dans les phases très précoces par le Pr. Sandrine Guis.  

Notre Unité mixte de Recherche, soutenue par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) et Aix Marseille Université (AMU) a donc été tout naturellement renommée ARTHEMIS, pour ARTHritEs, Microchimérisme et InflammationS. L’Unité est située depuis 2007 sur le campus de Luminy dans le bâtiment TPR2 INSERM. Nous profitons des plateformes mutualisées du bâtiment et avons pour nous aider techniquement Marielle MARTIN, TE, INSERM et pour la gestion de l’Unité Céline STAIANO, T, INSERM. 

L’obtention de financements par l’Agence Nationale de la Recherche nous a permis d’embaucher deux ingénieures d’étude : Mathilde GIASSI, qui a réalisé son master 1 et 2 dans l’Unité et Elsie ROUSTEAU, tout juste arrivée de Nantes. Enfin, notre ancien étudiant en Master 1, Yoan GHAFFAR, reçu premier au concours de l’Ecole Doctorale (ex ED62, ED658) est en première année de thèse sous ma direction. 

 

Il est difficile de sortir des sentiers battus, des idées reçues, mais quelle richesse d’y parvenir !

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est le rhumatisme inflammatoire chronique le plus fréquent. Il se caractérise par une inflammation de la membrane synoviale entrainant une dégradation du cartilage et de l’os sous-jacent. Quelques points majeurs et marquants dans la PR cités ci-dessous ont orienté nos axes de recherche : 

  • Le premier est le facteur de risque génétique de développement de la maladie portés par les gènes DRB1 des Antigènes Leucocytaires Humains (HLA) exprimant l' "épitope partagé" (SE).
  • Le deuxième est la présence d’anticorps anti-protéines citrullinées (ACPAs), marqueurs diagnostiques spécifiques de la PR, qui reconnaissent les résidus de citrulline sur de nombreuses protéines, et précèdent la maladie de quelques années. 
  • Le troisième est que les femmes sont plus fréquemment atteintes, avec en moyenne trois femmes pour un homme. Outre les hormones et la présence de deux chromosomes X riches en gènes de l’immunité, d’autres éléments distincts peuvent engendrer des réponses immunes différentes entre hommes et femmes. En particulier, la grossesse qui est un moment privilégié d’échange cellulaire entre mère et enfant. Les cellules microchimériques maternelles et fœtales issues de ce trafic bidirectionnel persistent à long terme chez leur hôte respectif et jouent un rôle sur la santé et l’immunité de l’hôte qui les reçoit. 
  • Enfin, le dernier point marquant est que le site extra-articulaire le plus fréquemment atteint dans la PR est le poumon.  C’est un des lieux privilégiés de la citrullination et une des niches biologiques principales des cellules microchimériques, rendant cet organe particulièrement intéressant pour nos recherches. 

J’ai particulièrement veillé à ce que les axes de recherches, actuels et futurs, de notre laboratoire soient complémentaires, que chacun apporte à l’autre, que chaque idée enrichisse le groupe. Nous avons testé et désormais vérifié une hypothèse inédite, qui sort des sentiers battus, expliquant la production des autoanticorps spécifiques de la PR. Nous avons également développé un champ d'investigation original pour les maladies auto-immunes à prédominance féminine. Nous allons poursuivre notre chemin en incluant les thématiques qui viendront compléter la richesse de nos recherches, sans nous disperser, comme l’a toujours fait mon prédécesseur Jean Roudier.  Nous allons garder la même curiosité et soif de connaissance et la même intrépidité à remplir notre mission pour les patients et leurs familles qui nous soutiennent avec ferveur. 

Nathalie LAMBERT, DR2 INSERM, directrice de l’Unité ARTHEMIS